Deze website maakt gebruik van cookies om je ervaring te verbeteren.
Selon graindelavoix et Björn Schmelzer, le baroque a commencé bien plus tôt à Anvers avec la publication de l’ Utopie de Thomas More en 1516, qui se déroule en grande partie à Anvers.
Le baroque et l’utopie ont en commun la création d’un monde imaginaire et l’intégration de l’inconnu dans la réalité. Dans ce sens, Anvers a toujours été baroque quand on songe à sa cathédrale gothique et aux romans utopiques de Georges Eekhoud sur les libertins anversois. La réalité est-elle vraiment ce que l’on croit ? Graindelavoix adapte l’ouvrage de Thomas More Utopie dans un étrange ciné-concert, en grande partie tourné à Anvers et sur l’Océan Atlantique. Première anversoise !
"Frédéric Mariage (du festival tournaisien ‘Les Inattendues’) m’avait demandé il y a deux ans d’adapter le livre Utopie de Thomas More après avoir vu CESENA, monté par graindelavoix en collaboration avec Rosas, et des fragments du film OSSUAIRES (en post-production). J’ai accepté, essentiellement parce que sa proposition me paraissait tout simplement impossible, mais qu’elle me permettait de ramener le cinéma à son essence : réaliser l’impossible. Le budget était très limité, le délai encore davantage : nous avions exactement neuf jours pour mener à bien le projet. Il s’agissait donc d’une pure utopie, une production cinématographique forcément épurée. Nous avions déjà la bande-son : la ‘polyphonie cinématographique’ de contemporains de Thomas More, les Anglais Ashewell et Browne, et un motet de l’humaniste portugais Damiao de Gois, président de la Feitoria de Flandre, principale maison commerciale de l’empire portugais établie à Anvers à l’époque de More.
En lieu d’en produire une adaptation littérale, Margarida Garcia et moi avons commencé par passer le livre au peigne fin pour faire abstraction de toute sa rhétorique, de ses fausses représentations et travailler sur sa matière brute, le noyau paradoxal de tout projet utopique. Nous avons découvert un ouvrage absurde, plein de mensonges et d’humour, du burlesque au ralenti, mais aussi un ouvrage qui déconstruit subtilement mais impitoyablement les limites, les dangers et les paradoxes d’une utopie quelle qu’elle soit. Il nous est apparu progressivement mais sûrement que nos protagonistes devraient être des personnages allégoriques, mais dans le style de Laurel et Hardy, dans un style qui n’existe pratiquement plus et qui permet le croisement d’un naturalisme extrême et du maniérisme allégorique : une sorte de cinéma gai et déjanté comme au bon vieux temps, qui ne s’embarrasse pas de psychologie, de culture de l’émotion et de drames sociaux.
Dans notre version, le marin portugais Hythloday ne découvre rien – pourquoi le ferait-il ? – car c’est un passager clandestin, un nobody qui met à l’épreuve l’hospitalité, l’amitié et la propriété. Et avec nous, ce n’est pas un livre qu’écrit Thomas More.
Ceux qui réalisent des films connaissent bien cet interdit : ne jamais filmer en mer. Il fallait donc que nous le fassions. Nous avons demandé à Koen Broos, avec qui nous avions déjà monté plusieurs projets, de se charger de la caméra. Nous avons filmé la première partie sur l’Océan Atlantique par gros temps, nous avons failli nous noyer et même les deux loups de mer qui maniaient le petit bateau ont pris peur… Nous voulions filmer sur une île déserte au large de la côte portugaise, mais c’était presque impossible d’y amarrer en raison des hautes vagues et du vent. Le bateau a failli s’écraser contre le quai. Personne ne tenait plus debout. Le désespoir total qui semblait présider notre entreprise était la condition même de l’utopie et du film. Le désespoir est peut-être une condition de possibilités inespérées…"
Ciné-concert de graindelavoix, librement adapté d’ Utopie de Thomas More. Un film de Björn Schmelzer, Margarida Garcia, Koen Broos, Nuno Henriques, Alex Fostier, Bram Leys, Willem Van Vooren et Katrijn Degans avec Manuel Mota, Marius Peterson, Timothy Foubert, Bert Timmermans, Bregje Vivier et performance live de Anne-Kathryn Olsen, Carine Tinney, Razek François Bitar, Tomàs Maxé, Albert Riera, Andrés Miravete, Marius Peterson, Arnout Malfliet, Björn Schmelzer (dir.). Accompagnement sonore, lumière et technique de l’image : Alexandre Fostier, Koen Broos et Peter Quasters. Musique de Damião de Góis, Thomas Ashewell et John Browne. Film en anglais avec sous-titrage en néerlandais.
En collaboration avec Les rencontres Inattendues Tournai, la Ville de Tournai, l’Hospital of Undersized Gestures Lisbonne et avec le soutien de la Communauté Flamande.
Église Saint-Charles-Borromée | 06-08.07.2018
6/7/2018 - 8/7/2018
Prix par personne :
Email: info@visitantwerpen.be